Et qui, sur les trottoirs comme entre les buissons,
Passent avec des airs de barque et de nuee !
Elles ont tout : corsage ou pleurent les longs voiles,
Jupe ou jasent des nids de volants emperles,
Rubans papillonneurs et boutons ciseles
Qui luisent comme autant de petites etoiles.
Si l"une me denonce une luxure infame,
Une autre me revele un corps qui se defend ;
Et pour mon oeil subtil une robe d"enfant
Trahit des ailes d"ange et des rondeurs de femme.
La robe attenuant la pointe ou la courbure
Hallucine deja mes prunelles de lynx,
Mais je me sens trouble comme en face du Sphinx
Devant le bloc pieux de la robe de bure.
J"aime a les rencontrer partout, vieilles et neuves,
Au bas d"un escalier, au fond d"un corridor ;
J"aime ces longs habits que feminise encor
L"exquise austerite des vierges et des veuves.
Avec cette adherence intime de l"ecorce
Qui calque le contour et le lineament,
Le corsage echancre plaque hermetiquement,
Delicieux maillot d"un admirable torse.
La longue robe errant dans la lumiere bleue,
Froide et collante avec sa traine de velours,
Sur les tapis muets, etouffeurs des pas lourds,
A l"air d"un grand serpent tout debout sur sa queue.
Et par un crepuscule ou le vent noir sanglote,
Plus d"une, tout au fond du lointain frissonnant,
Semble raser la terre ainsi qu"un revenant
Tragiquement drape dans son linceul qui flotte.
J"ai souvent le desir fantastique et morose,
Dans ces bals ou le vice allume son coup d"oeil,
De voir entrer soudain une robe de deuil,
Comme un brouillard d"ebene au milieu d"un ciel rose.
Mais je contemplerais, a genoux et mains jointes,
Ces corselets d"amour exactement remplis
Ou, derriere la gaze aux lumineux replis,
La gorge tentatrice embusque ses deux pointes !
Справка.
*Альфред Гревэн (1827-1892) - рисовальщик, карикатурист, автор театральных костюмов. В некрологе его назвали "поэтом современной парижанки". Он - основатель знаменитейшего музея восковых скульптур.
Морис Роллина, Суккуб, 45-е.
(Перевод с французского).
Чулки длинны, черны. Завязки их красны.
Она цепляет их, не слыша слабых стонов.
Пленительный цветок борделей и притонов -
девичьи телеса совсем обнажены.
А жертве невтерпёж. Слова дружка страшны:
"Где ж ты, Краса ? Мой бес не слышит угомонов.
Глаза - как в чёрной мгле. Я глух от адских звонов.
Приди и дай покой смертельной глубины !
Пиявка с торжеством сказала иронично:
"Желаешь завершить агонию ? Отлично !
Пусть благовест звучит потом тебе окрест.
Иду, милок, к тебе. Я вся - к твоим утехам !"...
Прощальное: "Прости !" - венчал шутливый жест.
Предсмертный хрип дружка был встречен громким смехом.
Maurice Rollinat Le Succube, 45-e.
Toute nue, onduleuse et le torse vibrant,
La fleur des lupanars, des tripots et des bouges
Bouclait nonchalamment ses jarretieres rouges
Sur de tres longs bas noirs d"un tissu transparent,
Quand soudain sa victime eut ce cri dechirant :
" Je suis dans un brouillard qui bourdonne et qui bouge !
Mon oeil tourne et s"eteint ! ou donc es-tu, ma gouge ?
Viens ! tout mon corps tari te convoite en mourant ! "
A ces mots, la sangsue exulta d"ironie :
" Si tu veux jusqu"au bout raler ton agonie,
Je t"engage, dit-elle, a menager ta voix ! "
Et froide, elle accueillit, raillant l"affreux martyre,
Ses supremes adieux par un geste narquois
Et son dernier hoquet par un eclat de rire.
Морис Роллина Мученики, 46-е.
(Перевод с французского).
Гадливый ужас влил в него свой мерзкий яд.
Как сводня увела с собой его красотку,
он ощущал беду и сквозь перегородку.
Он слышал, как Манон и некто с ней сопят.
И он заскрежетал: "Вот так, до ветхих лет,
покуда дышит плоть и сердце будет целым,
покуда не умрёшь, попавши в лазарет,
ты будешь торговать своим гниющим телом.
Мне ж мучиться весь век без всякой передышки
и вечно ревновать, терпя твои страстишки.
Кляну твой юный цвет c твоим очарованьем !"...
И всё же он простил. И в нём унялся зверь,
когда пришла назад сквозь бархатную дверь
к нему его Любовь с раскаянным рыданьем.
Maurice Rollinat Les Martyrs, 46-e.
L"Horreur et le Degout lui bavaient leur poison
Quand la Vieille emmenait sa Manon toute pale,
Car, un instant apres, derriere la cloison,
Il entendait deux voix suffoquer dans un rale.
" Ainsi donc ! grincait-il, le voila ton destin :
Jusqu"a ce que la mort t"arrache au dispensaire,
Tu pourriras ton coeur dans l"ennui libertin
Et tu vendras ton corps attendu par l"ulcere !
" Et moi, j"irais toujours, sans treve a mes tourments,
Cogner ma jalousie a ton peuple d"amants !
Non ! je hais ta jeunesse et je maudis tes charmes ! "